Le président du Parti social-démocrate congolais (PSDC), Clément Mierassa, a animé une causerie-débat sur l'alternance politique dans la perspective de l'élection présidentielle de 2016
En échangeant sur l'actualité politique concernant la révision ou non de la Constitution du 20 janvier 2002, les étudiants congolais présents au débat ont été invités, le 26 mai à Brazzaville, à prendre le relais des anciens en prônant la politique de bonne gouvernance.
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Certains intervenants ont pensé que la révision de la loi fondamentale ne conduirait pas le pays à l'émergence. Pour eux, il est temps que l'opposition travaille de front avec le pouvoir en place, en protégeant les intérêts de la nation, au lieu de se lancer dans le combat effréné de l'accession au pouvoir. « L'opposition doit également contribuer au développement du Congo. Les expériences africaines sont malheureuses, car, malgré le temps que nous passons à l'opposition, nous n'arrivons pas à en tirer des leçons. Une fois au pouvoir, nous faisons pire que nos prédécesseurs », a reconnu Clément Mierassa.
Selon lui, l'année 2016 ouvrira la voie à l'alternance politique en privilégiant la force des idées, l'acceptation de la confrontation, de la différence et de la tolérance. Plaçant cette année sous le signe du renouveau, il a ainsi exhorté les jeunes à s'impliquer suffisamment en politique. « Nous faisons de la politique à des fins personnels. Or il faut que les jeunes en fassent autrement, en s'inspirant des démocrates indépendants qui ne subissent aucune pression et qui ont pour ambition de conduire leur pays au développement », a-t-il déclaré.
Le président du PSDC a affirmé que l'enjeu de l'alternance politique était un défi à relever dans la démocratie congolaise, afin que les politiques et le peuple soient en harmonie, pour faire évoluer le processus démocratique. « Ce changement sera, sans doute, exaltant pour le peuple congolais. L'arrivée du pluralisme politique dans notre pays a été un pas important vers la démocratie. Mais elle stagne. Nous devons la faire avancer. Le peuple congolais doit choisir ses dirigeants en toute liberté, en mettant un terme au culte de la personnalité pour favoriser la mise en place d'institutions fortes », a affirmé Clément Mierassa.
Après une expérience démocratique de plus de cinquante ans, le Congo a changé, à huit reprises, ses Constitutions qui, du reste, ne sont pas conformes aux réalités du pays. Selon le président du PSDC, la fonction principale du président de la République consiste à veiller au respect de la Constitution en vigueur, car tenter d'abuser de ses fonctions trahirait le serment qu'il a prêté devant la nation.
Faisant l'historique des différentes Constitutions congolaises, Clément Mierassa a indiqué que les élections devaient être organisées de façon consensuelle et transparente. Parlant du rôle de la jeunesse, Clément Mierassa a expliqué qu'elle devrait mener une lutte acharnée contre les antivaleurs dans le but de bannir le tribalisme et autres vices sociaux.
Autour d'un débat enrichissant, le philosophe Nybaurine Dhublysh a, pour sa part, affirmé que ni l'opposition, ni le pouvoir en place ne sauraient orienter le Congo vers un avenir meilleur. « Les jeunes non corrompus doivent s'impliquer afin de vaincre les pratiques antidémocratiques et anticonstitutionnelles. Nous devons prendre des initiatives en faveur du pays pour contribuer au développement de cette nation car, tout Congolais est éligible », a-t-il signifié, avant d'ajouter : « La mauvaise gouvernance n'est pas causée par la Constitution. Nous qui jugeons le pouvoir en place, nous serons également jugés demain ; car nous ne saurons faire mieux. »
Pour les orateurs, les détenteurs du pouvoir doivent respecter les lois et règlements de la République. Ils envisagent, par ailleurs, de mener un combat afin que soit respectée l'alternance, car, disent-ils, « on ne peut être en démocratie et rejeter ce principe ».
Josiane Mambou-Loukoula
© Les Dépêches de Brazzaville