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Louable initiative et astucieuse combine pour compléter son calendrier, l’Espace Yaro offre volontiers ses locaux à des artistes de passage dans la ville océane. La troupe brazzavilloise « Le Théâtre des sans voix » en balade en bord de mer en profite ce weekend. J’étais hier soir à la première des deux représentations programmées.

Malgré mes plus de trois décades de Congo, je ne me suis jamais départi de ma ponctualité maladive et quand, j’arrive à 19 heures précises à Yaro, je suis accueilli par une dense foule d’au moins huit personnes. Salutations à Pierre Claver Mabiala, le maître des lieux, à Bernabé Beti Loemba, le régisseur. Papotage, bisoutage et picolage seront, comme d’hab, les trois mamelles de mon attente.

Une quarantaine de spectateurs est arrivée lorsque Claver prend la parole pour annoncer le spectacle.

Coté cour une table est couronnée par un laptop. Côté jardin un canapé fait face à l’assistance.

• Un comédien entre sac à dos à l’épaule. Il s’installe derrière l’ordinateur et y rédige, sans un mot, au moins deux chapitres de ses mémoires.
• Retentit l’appel à la prière.
• L’homme se lève, enfile un bonnet, endosse son bagage et sort.
• Une femme portant le voile islamique fait son entrée, elle déroule son tapis de prière. Puis elle nous fait une démonstration de la liturgie musulmane dans tous ses détails.

A ce stade, les spectateurs dorment, tweetent ou se racontent des histoires drôles, d’où des fous rires dans l’assistance quand rien sur scène ne le justifie.

• La pièce démarre enfin tel un drame islamo-cornélien revisitant le mythe d'Œdipe.

La dame est la maman du monsieur. L'époux de la dame était un activiste islamiste qui avait entraîné avec lui ses autres fils. Ils ont été arrêtés il y a une vingtaine d'années. Depuis on a plus de nouvelles d'eux. Le fils restant, trop jeune alors et sur protégé par sa mère qui n'ayant jamais eu de fille voulait garder ce dernier enfant pour elle seule est aujourd'hui endoctriné par les imams de sa mosquée. Il vient d'y apprendre que son père et ses frères ont été dénoncés. On apprendra au final que c'est la mère qui a balancé uniquement pour pouvoir garder son fils. LA SALOPE !

Un synopsis auquel on a bien du mal à souscrire, une mise en scène molle*, et un sur-jeu des acteurs, pourtant plutôt bons, ont fait que de cette soirée un seul mot ressort : ENNUI !

Deuxième représentation ce soir, si vous n’avez vraiment rien d’autre à faire, allez faire un tour, mais ne je vous aurai prévenu.

 

Ya Sanza

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