Commencée en 2004 la Municipalisation accélérée s’achèvera en 2015 par les départements de la Bouenza et de la Sangha. Plus de 10 années d’attente et de frustration, pas seulement pour les derniers servis, mais aussi pour les premiers qui comparent leur dotation avec celles qui prévalent aujourd'hui.
Un petit regard sur cette neotradition qui ambitionne de démontrer l’engagement des projets de société la "Nouvelle Espérance" et le "Chemin d'Avenir" de Denis Sassou Nguesso en faveur du bien être de tous les congolais.
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2004 – Pointe-Noire– Kouilou – 70GXAF – La première
Pointe-Noire essuie les plâtres, projets mal identifiés, de fait révélation qu’une ville est plutôt difficile à doter, puisque dans tous les cas les travaux d’infrastructure auraient été engagés.
Que reste-t-il aux ponténégrins de la MA de leur ville ?
2005 – Impfondo– Likouala – 120GXAF – La plus ratée
A la réception de divers témoignages croisés, il semble qu’Impfondo ait été pour certains, une fantastique opportunité d’enrichissement. Une ville entourée d’eau, à plus d’une semaine de navigation de Brazzaville, les matériaux sont acheminés à prix d’or, inclus le sable et le gravier. Un désastre.
2006 – Dolisie– Niari – La plus lente
La ville a essentiellement gagné des voiries, de l’assainissement et de l’eau potable. Beaucoup de marchés attribués sur des critères obscurs n’ont pas été honorés, la plupart de ceux dont les chantiers ont été ouverts ont été abandonnés.
L’aéroport est enfin réalisé (livré très en retard sauf le pavillon présidentiel) et l’hôpital général est entièrement réhabilité. Il attendra deux ans son ouverture.
2013 verra enfin la livraison des hôtels du conseil départemental et de la préfecture, ainsi que la mairie centrale de la ville. A noter que les mairies d’arrondissement restent dans des locaux antédiluviens.
2007 – Owando– Cuvette centrale – L’utile
La MA de la Cuvette centrale a permis à la ville d'Owando de changer de physionomie pour porter ses habits neufs.
Accessit pour les travaux de Mossaka. Les populations de la ville, marché de première importance pour les échanges fluviaux, voient leur vie faire un grand pas vers une amélioration durable par la mise hors crues annuelles de la ville.
2008-2010 – Brazzaville– La plus longue
Période coupée par des élections présidentielles 2009, peut être ne faut-il considérer que 2010 comme année MA.
Beaucoup de chantiers sont engagés dans et autour de Brazzaville au nom de sa MA. On doit quand même se poser la question de savoir, comme dans le cas de Pointe-Noire, si sans MA ces travaux n’auraient pas été quand même engagés ?
Antre temps, la « Nouvelle Espérance » se mue en « Chemin d’avenir ».
2011 – Ewo– Cuvette ouest – 300GXAF – Le pire rapport qualité/prix
La Cuvette ouest, peu peuplée a été plutôt délaissée par tous les pouvoirs successifs, La MA devrait être une opportunité de désenclavement et d’avancée pour le département. On imaginerait bien l’aménagement du cours amont de l’Alima pour permettre l’ouverture vers Leketi (dont le port est à l’abandon) et le Gabon qui a été annoncé il y a quelques années, soit enfin réalisée, mais les relations avec le voisin privilégié se sont dégradées et les liaisons vers son territoire ne sont plus d’actualité. La MA de la Cuvette-Ouest devient la MA d’Ewo.
Elle se résume à quelques km de routes et la construction de l’hôtel du Conseil Départemental, le siège de la mairie, l’hôtel de la sous-préfecture, la gare routière, la piste d’atterrissage et deux petits hangars. Plus le bitumage de quelques voiries.
Où sont passés les 300 milliards ?
2012 – Kinkala– Pool – 531GXAF – La plus chère
Le plus grand des départements peuplés du Congo, est aussi le dernier à avoir connu des conflits armés. Ses ressortissants considèrent comme étant les victimes premières du régime. Sa MA tardive mais très généreusement dotée sur le papier est supposée consacrer la réintégration complète du département dans l’entité nationale.
A Kinkala, on assiste à un progrès dans l’intégration des réalisations. La bourgade se transforme en ville, mais l’impact direct sur le mode de vie des populations est toujours aussi limité.
2013 – Djambala– Plateaux – 438GXAF
Vivent les riches : « Après l’annonce du président de la République, nous avons pris la précaution de trouver un terrain que nous avons attribué gracieusement aux ministres, parlementaires, officiers supérieurs, directeurs généraux et autres cadres originaires du département, afin de pallier l’insuffisance de logements modernes dans la ville », explique l’administrateur-maire de la communauté urbaine de Djambala, Albert Ngouloubi.
2014 – Sibiti – Lékoumou – La prochaine
On peut supposer pour deux raisons distinctes que Sibiti offrira une performance meilleure.
- Les inerties disparaissent peu à peu, l’exigence de résultats se fait plus pressante et l’argent investi va croissant. Plus d’argent, un peu mieux employé, forcément ça se voit
- La probable annonce que les maires des communautés urbaines seront à l’avenir élus, fait que l’homme chargé de la coordination, Thierry Leyzin Moungalla, Sibitien, député de Sibiti, joue sur ce coup un beau CDI.
2015 – Ouésso – Sangha & Madingou/Nkayi – Bouenza – L’accélération
Suite à l’allumage d’un deuxième étage, accélération de la MA avec deux départements en chantier (2016 est ainsi libérée pour la préparation du septennat la fin du septennat). Un mystère : 2 municipalisations, 2 défilés. Il va falloir choisir : 2 Sassou ou 2 15 août ?
Effrayant ! Un département tout au nord et un tout au sud.
Quadrature du cercle : ne pas donner à l’un ce que l’on ne donne pas à l’autre.
2016– La boucle semble bouclée, mais un département créé entre temps va développer ses frustrations.
Le Kouilou, dont la ville préfecture Loango est à l’heure où nous écrivons quasiment virtuelle, va considérer qu’il n’a pas été doté. En tout cas qu’il a été contraint de partagé le budget le plus maigre de toute la MA avec Pointe-Noire, alors que l’ensemble que ces deux départements sont les contributeur pour au moins 80% du buget national.
Pointe-Noire et le Kouilou (au bas mot le quart de la population congolaise) traditionnellement soutien du président titulaire, risquent fort de ne pas pardonner l’affront et se tourner massivement sur un candidat différent de celui proposé par le PCT comme successeur naturel de Denis Sassou Nguesso.
Alors, municipalisation accélérée : bide retentissant ou réussite flatteuse ?
Ni l’un ni l’autre, mais sur une échelle de 1 à 20 on ne peut guère noter au dessus de 5 le bilan de la décade, tant les ratages et les détournements de fonds ont été importants.
Les calendriers surprennent, les travaux sont au mieux décidés au début de l’année concernée par la commémoration de la fête nationale dans la préfecture du département qui reçoit sa MA.
Huit mois plus tard, malgré la hâte (forcément dommageable à la qualité) la ville offre pour les festivités l’image de chantiers inachevés voire à peine débutés. Les officiels partis, bien des chantiers sont déserté.
Seuls vrais bénéficiaires de l’investissement, les administrations qui vont jouir de meilleures conditions de travail et les administrateurs et négociants dont le niveau de vie s’est considérablement accru. On leur a construit des aéroports et ils peuvent désormais se déplacer en économisant leur temps précieux.
Les populations elles, se contentent de l’amélioration relative des liaisons routières et des voiries et réseaux divers, à laquelle il faut ajouter quelques rares écoles, marchés dits modernes, stades, établissements hospitaliers, endigage.
Les liens contenus dans ce dossier renvoient à des articles publiés dans des sites de toutes opinions.