Danger, ce bouquin est caustique.
J'ai lu entre dimanche et lundi "Les malades précieux", le premier livre de Obambe Gakosso, qui n'est autre que mon copain Obambe Mbounze Ngakosso, que je n'ai jamais rencontre mais qui (miracle du web) est comme mon frangin et avec lequel je me sens très souvent en phase.
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S'il ne cite aucun pays, aucun dirigeant, ceux qui connaissent les lieux et l'histoire reconnaitront sans la moindre peine le Congo Brazzaville, ses villes principales et ses deux derniers présidents pour lesquels l'auteur n'a pas la moindre indulgence. Qui s'en étonnera sachant le très fort engagement de l'auteur pour la cause panafricaine ?
La plume est simple et belle, évitant les chichis littéraires elle est compréhensible par tout le monde tant bien même les niveaux de lecture y sont multiples.
Bambi se montre au miel et au fiel vis a vis de ses compatriotes restés au pays ou ayant émigré. Usant d'une tendre cruauté il décortique leurs qualités et leurs défauts avec humour et ironie. Tout congolais reconnaitra la plupart des protagonistes sans s'y trouver lui même, tant il est vrai qu'ici, plus qu'ailleurs, on ne voit que la paille dans l'œil du voisin.
Les hommes sont souvent irresponsables, égoïstes et démissionnaires de leur rôle de père. Les femmes plus conscientes de leurs responsabilités, mais presque tous ne pensent qu'au sexe et aux différentes manières de se procurer de l'argent.
D'une nouvelle a l'autre on croit poursuivre les personnages mais ils ne sont jamais ni semblables ni foncièrement différents. Pourtant ni ennui ni lassitude à la lecture, émaillée de savoureux congolismes qui, peut-être auraient mérité un lexique pour les non initiés.
Un détail qui m'a beaucoup amusé : le mot FIN en conclusion de chaque nouvelle.
Aux congolais je recommanderai de se regarder dans ce miroir si peu déformant. Aux autres francophones amoureux de l'ambiance des cités africaines et de la nonchalance apparente ou réelle de leurs habitants, d'y prendre un bain hilarant de culture congolaise.
Tous ceux qui écrivent beaucoup savent à quel point il est difficile de laisser un texte sans erreur, c'est pourquoi il convient qu'un ouvrage soit relu par plusieurs personnes afin de tenter de les éliminer toutes. Quelques coquilles résiduelles et une erreur bébête de calcul demeurent. Ça n'aurait pas échappé à un éditeur plus responsable que l'Harmattan, coûtumier du fait puisqu'il fait l'impasse sur les corrections qu'il laisse à l'auteur. On ne peut qu'espérer que ce premier ouvrage soit remarqué par un vrai éditeur et que le prochain travail d'Obambé Gakosso sorte dans une maison d'édition plus sérieuse. Peut-être qu'Alain Mabanckou pourrait l'y aider.
PS : Pardon a Francis Seck Mangouani dont je n'ai guère apprécié l'illustration de couverture, n'y voyant aucune corrélation avec le contenu de l'ouvrage.
"Les malades précieux" par Obambe Ngakosso
L'Harmattan éditeur
281 pages
0,1€ la page soit 28€ équivalant a environ 18 500XAF
ISBN 978-2-343-00615-4"
Vidéos : L'auteur présente son livre - Interview de l'auteur