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La municipalisation accélérée n'arrêtera pas l'exode rural

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 In « Les Dépêches de Brazzaville » du 13/05/2013, Faustin Akono nous dit que la municipalisation accélérée arrête l'exode rural. Malgré ses arguments, nous nous voyons contraints de le contredire car nous pensons que son postulat de départ est, non seulement faux, mais économiquement dangereux et pernicieux.

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Son texte :

« La question que l'on doit se poser est la suivante : la municipalisation accélérée peut-elle arrêter le terrible phénomène de l'exode rural qui vide tant de localités et de villages ? La réponse est aussi simple que positive : cette politique aménage, construit et modernise la campagne en créant du même coup de nombreux emplois pour la jeunesse.
« À travers la modernisation des cités rurales, les infrastructures économiques, sociales, culturelles, sportives et administratives qui, hier, étaient une exclusivité des villes de Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie, Ouesso, Nkayi et Mossendjo sont en train d'être construites un peu partout », disait récemment un groupe de jeunes rassemblés au sein d'une association humanitaire œuvrant pour le bien-être de la population là où elle vit. Et, de fait, la municipalisation sédentarise la population en créant un mouvement migratoire inverse à l'exode rural.
Les grands chantiers d'aménagement, dans les chefs-lieux des départements et de districts, font appel à une main d'œuvre abondante et les jeunes, au lieu de rester oisifs et d'errer ici et là, tournent le dos aux grandes villes car l'espace rural est en train de s'urbaniser à un rythme rapide. Autre constat, les travaux réalisés dans les départements qui ont déjà bénéficié de la municipalisation accélérée créent chez la plupart des ressortissants de ces localités l'idée de célébrer le centenaire de leur ville ou de leur village.
Et cet effet d'entraînement engendre un autre phénomène. Si, hier, ce sont les pêcheurs, les chasseurs, les agriculteurs, les éleveurs qui assuraient la construction des villages avec des maisons en matériaux non durables, aujourd'hui, la donne a changé. Aux campagnes de modernisation conduites par l'État s'ajoutent maintenant celles des cadres, des intellectuels, des opérateurs économiques de ces mêmes localités. Comme ces derniers construisent de jolies bâtisses et des édifices dans lesquels ils pourront exercer des activités économiques, l'architecture des cités change radicalement. Le rural s'urbanise et se modernise tout en produisant des activités économiques aux retombées importantes.

Pourquoi, dès lors, aller à Brazzaville, à Pointe-Noire, à Mossendjo, à Dolisie, à Ouesso, à Nkayi si l'on peut trouver sur place du travail à durée indéterminée ou renouvelable ? D'où cette remarque, que l'on entend de plus en plus, de la part des jeunes :« aller en ville, pourquoi faire puisque la ville s'est transportée en campagne qui s'est modernisée et offre des possibilités d'embauches équivalentes ? »…

Au rythme où vont les choses, s'il nous est permis de rêver, le vocable « exode rural » ne sera bientôt qu'un vieux souvenir grâce à la municipalisation accélérée.
Qui s'en plaindra ? »

Nous n’hésiterons pas à le contredire. Construire les villes à la campagne, comme le disait Alphonse Allais, n’est en rien arrêter la désertification des terres cultivables. Le seul résultat que l’on puisse en espérer c’est que les populations se déplacent un peu moins loin et que l’afflux vers les mégalopoles du pays diminue.

L’exode rural désigne le déplacement durable de populations quittant les zones rurales pour aller s'implanter dans des zones urbaines. Il s’agit donc davantage du changement de statut du travailleur de la terre, le paysan, en ouvrier de l’industrie. Cette formule ne peut résoudre les problèmes alimentaires gravissimes auxquels est confronté le pays. Force est de constater que le secteur agricole est au Congo totalement sinistré. Nous savons tous que le slogan mythique d’une époque « Autonomie alimentaire pour l’an 2000 » est un échec consommé et que jamais le Congo n’a été plus dépendant des importations pour nourrir ses habitants avec les conséquences économiques qui en découlent.

Si l’habitat rural et les conditions de vie dans les campagnes doivent être améliorés, c’est à partir de la revalorisation des métiers agricoles que l’on doit compter pour enrayer l’exode rural et pas en construisant des villes nouvelles qu’on espère pourvoir d’hypothétiques activités durables quand on est déjà incapable d’en créer suffisamment dans les urbanisations existantes et où les facilités sont déjà en place.

Ce qui est impératif, c’est de moderniser l’agriculture, de rendre ses métiers attrayants et faire en sorte que les mots paysans et villageois perdent leurs connotations péjoratives qui font que de nos jours ils sont considérées comme des insultes dans la société congolaise.
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