Le Congo pouvait se vanter d’être un des pays africains les mieux notés à l’indice de la liberté de la presse. Le contrôle des entreprises de presse qui débute ce jour fait craindre un très fort recul dans ce classement, le Conseil supérieur de la liberté de communication (CSLC), étant bien parti pour appliquer une législation stalinienne en la matière. Désormais, nul ne pourra s’exprimer dans les médias, s’il n’est agréé par cette institution plus dévolue à la défense des intérêts du gouvernement qu’à celle de l’information.
Après la suspension récente de quatre journaux, on ne peut que craindre le rétablissement d’une forme de censure à laquelle seuls les médias en ligne pourront provisoirement échapper, non pas qu’on ne souhaite pas les contrôler, mais parce qu’on a pas encore trouvé le moyen de les museler.
<!--break-->
Le contrôle des entreprises de presse débute aujourd’hui
Le président du Conseil supérieur de la liberté de communication (CSLC), Philippe Mvouo s’est adressé, le 4 juin, aux responsables des entreprises de communication pour leur présenter les enjeux de ce contrôle administratif, technique et financier qui s’étendra sur l’ensemble du territoire national.
Cette opération a pour objectifs de maîtriser le nombre des fréquences attribuées officiellement aux organes de presse publics et privés ; celles que les médias utilisent, de recenser tous les professionnels de l’information et de la communication évoluant dans les organes de presse publics et privés, et ceux en situation administrative de détachement en vue de l’attribution de la carte d’identité professionnelle. Au bout du compte, il s’agit de produire le fichier actualisé de l’ensemble des médias publics et privés fonctionnels.
En organisant cette opération de contrôle, a dit Philippe Mvouo, le CSLC a d’autres ambitions bien plus légitimes à savoir : assainir l’environnement médiatique, favoriser la modernisation des organes de presse et redorer le blason de la profession de journaliste, « en laissant ce précieux métier être exercé exclusivement par ceux qui en ont la qualification.» Le président du CSLC a invité les promoteurs des médias et des imprimeries à une collaboration franche et sincère avec les équipes de contrôle.
Aux professionnels de l’information et de la communication, il a demandé une contribution efficace pour ceux qui veulent avoir une carte d’identité professionnelle. « Il est évident que ceux qui ne se feront pas recenser n’obtiendront pas de carte d’identité professionnelle et donc s’élimineront d’eux mêmes de la corporation et perdront, de ce fait, le droit de pratiquer le journalisme sous toutes ses formes», a-t-il déclaré.
Philippe Mvouo a invité les opérateurs économiques œuvrant dans le domaine de l’information et de la communication à bien vouloir accompagner le CSLC dans cette opération en mettant à la disposition des délégations toutes les informations nécessaires à la réussite de cette activité. « J’exhorte les autorités administratives et militaires de tous les départements de notre pays à accorder des facilités utiles auxdites délégations pour le déroulement normal de cette opération dans les localités où sont installées les radiodiffusions, les télévisions, les imprimeries, les journaux, les revues et les magazines», a-t-il conclu.
Roger Ngombé
© Les Dépêches de Brazzaville