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Au fil du grand fleuve Congo (1 de la source à Kisangani)

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C’est au Katanga près du village de Mufos, à 1740 mètres d’altitude, sur un plateau marécageux, que le fleuve Congo prend sa source non loin de la frontière zambienne. On y accède par la piste de Kilela Balanda. L'origine du fleuve est constituée de plusieurs petites rivières. L’une d’elles, la Lualaba, est considérée comme la vraie source. Les européens prétendent qu'elle a été découverte le 14 septembre 1892 par l’expédition Bia, Francqui et Cornet. Si ça les agace, ça fait quand même bien rigoler les katangais. 

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Au-delà de l’émotion que procure le fait d’être à la source d’un fleuve aussi extraordinaire, la réalité des lieux est une simple nappe d’eau claire dans un endroit calme et ombragé. L’intérêt de ce lieu est surtout symbolique. Un cérémonial est instauré au nom des ancêtres par le chef du village avant la visite de la source. Il faut d’abord implorer leur clémence avant d’autoriser le visiteur à l’approcher. Une fois cette étape franchie, celui-ci est invité à jeter un peu d’argent dans l’eau en faisant un vœu. Chaque visite se fait avec une joyeuse escorte villageoise qui accompagne le visiteur sur le chemin qui mène à la source.

En ces lieux on a ben du mal à s'imaginer que ce mince filet d'eau va progressivement grossir jusqu'à accumuler le deuxième débit fluvial de la planète et drainer les eaux d'un territoire de 3 691 167 kilomètres carrés. Ce monstrueux bassin versant s'étale sur 9 Etats et comprend la quasi totalité de la République Démocratique du Congo. S'y ajoutent des eaux zambiennes, tanzaniennes, burundaises, rwandaises, centre africaines, camerounaises, congolaises et angolaises. A son embouchure ce sont plus de 80 000m³ d'eau douce qui chaque seconde se précipitent dans l'océan Atlantique.

Nous soutiendrons cette thèse officielle pourtant battue en brèche par les géographes qui considèrent, conformément à la pratique qui veut qu'on prenne pour source l'affluent le plus long, comme c'est le cas pour le Nil, la rivière Tshambezi, en Zambie, comme la source du Congo. La Tshambezi change un peu en aval, son nom en Luapula, traverse le lac Moero où elle rentre en RDC rebaptisée Luyua avant de rejoindre la Lualaba à mi chemin entre Bukama et Kongolo.

 

Nous allons tenter de vous faire parcourir les plus de 4700 kilomètres du périple de cet énorme collecteur qui atteint par endroits 220m de profondeur.

 

Le cours supérieur du Congo

Le Fleuve garde son nom de Lualaba jusqu'à Kisangani (Stanleyville durant la colonie). Sur ce cours supérieur, le fleuve est souvent étroit, tortueux et coupé de chutes ou rapides à cause des montagnes et des hauts plateaux qu'il traverse. Passant entre le massif de sakabinda et le plateau de la Manika, il descend de la chaine de Mitumba par la gorge de Nzilo, "découverte" en 1892 par Delcommune et le Docteur Paul Briart et explorée en détail quelques mois plus tard par Emile Francqui et Jules Cornet. Une chute de 20m de hauteur utile y a été équipée pour la production d’énergie électrique (débit : 28 à m3/sec, avec moyenne annuelle de 100 m3/sec. L’aménagement a permis de porter le débit d’étiage utilisable à 47 m3/ sec. ; L’étendue du bassin versant est de 17.000 km²) (Photo) 

Le fleuve entre bientôt dans la dépression du Kamolondo, ayant parcouru 666km depuis sa source. Il devient navigable à Bukama. Il y est franchi par la voie ferrée d’Elisabethville à Port-Francqui, sur un pont de 240m de longueur. Le Bief supérieur qui s’étend jusqu’au barrage des portes de l’enfer à Kongolo, en grès dur du Kundelungu, permet la navigation sur 640 km à des unités présentant un tirant d’eau de 1.50m à 1 m en période d’étiage. Sauf sur le tronçon de la tête de kiabo à Bukama (94 km) ou le tirant d’eau admissible tombe à 80 cm à l’étiage. 

La plaine du Kamolondo (photo satellite). d’une longueur de 250 Km et large de 45 à 50 km, elle est née du comblement partiel, par alluvionnements, du graben de l’Upemba formé, au pléistocène par l’affaissement d’un voussoir de la grande dorsale africaine. En débouchant dans cette dépression, le Congo supérieur ou Lualaba s’épanouit en un véritable delta, entre des bourrelets alluvionnaire échancrés à l’infini par un enchevêtrement de chenaux donnant accès à une multitude de lacs : Kasibasiba, Kabwe, kabelwe, katongo, Upemba, Kafundo, Kana, alaunda, Kisale, Tala, Lubambo, Kabamba … le lit mineur a une centaine de mètres de largeur.

Le plus grand de ces lacs est l’Upemba, qui couvre environ 500km². Le lac Kisale est le seul qui soit traversé de part en part le Lualaba ; il mesure 20 km sur 15 A l’époque des crues, les eaux du fleuve, chargées d’alluvions, s’écoulent vers des marécages riverains d’amont en y déposant un limon d’une très grande fertilité ; mais en aval de la plaine et notamment dans le Kisale le lit mineur n’est pas encore formé, car les bourrelets alluviaux ne sont pas suffisamment consistants pour localiser le thalweg. Toutes ces eaux dormantes sont envahies par une abondante végétation de lotus, de nénuphars et surtout de papyrus, dont les détritus tapissent le fond d’une couche de vase ayant parfois plusieurs mètres d’épaisseur et qui mélangés aux produits d’érosion amenés par le courant contribuent petit à petit à l’endiguement du fleuve.

A environ 265 km. En aval du Kisale, soit à 480 km. De Bukama, le Lualaba reçoit, à Enkoro, la Luvua (citée plus amont) navigable sur 160 km.jusquà Kiambi avec un mouillage d’au moins 0.80m à l’étiage. En amont de ce poste existent des rapides et des chutes. L’une d’elles a été aménagée, à Piana Mwanga, pour la production d’énergie électrique. La luvua sert d’exutoire au lac Moero qui reçoit lui-même, par le Luapala, les eaux du Bangwelo, en voie de disparition alimenté par le Tshambezi, qui nait à près de 1600m sur les hauteurs bordant le sud du Tanganyika.

Le Luapala est navigable dans son cours inferieur depuis Kasenga jusqu’à Pweto dans le lac Moero, soit sur 275 km. Dans le lac, les profondeurs du thalweg se maintient assez régulièrement vers le 10 m, le maximum sondé étant de 17 m.

A Kongolo, le Congo supérieur, qui coulait nonchalamment depuis Bukama , vient se buter contre le seuil rocheux dans lequel il s’est fraye un passage étroit que l’explorateur anglais Mohun en 1894,baptisa du nom de portes de l’enfer. 

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 Les "Portes d'Enfer", rapides du Lualaba. 

C’est en cet endroit que la compagnie des chemins de fer des grands lacs a construit le magnifique pont-rail en béton armé de 498 m de longueur, achevant la jonction Kongolo-Kabolo, entre les tronçons ferrés Kindu-Kongolo et Kabalo-Albertville. 

 

De Kongolo jusqu’à Kasongo, le fleuve franchit une série de cinq groupes de rapides dans des gorges étroites parfois de moins de 100m. Puis un bief stabilisé de 110 km, dit bief intermédiaire, a permis d’instaurer un service de navigation par baleinière et petit bateau jusqu’à Kibombo, relié à la voie ferrée Kindu – Kongolo.

Sur ce bief intermédiaire, se trouve le poste de Nyangwe occupé en 1856 par les arabes et qui  joua un grand rôle dans l’exploration du Congo. C’est ici que le Lualaba fut aperçu pour la première fois par un européen (Livingstone, 29 mars 1971). Un peu en aval de ce poste, le fleuve quitte la région des savanes pour entrer dans la forêt équatoriale qu’il n’abandonnera que passé Lukolela.

Attaque d'esclavagistes dans la région de Nyangwe

En aval de Kibombo, le courant redevient torrentueux jusqu’à Kindu, extrémité amont du bief moyen qui, après 320 km, se termine à Ubundu (Ponthierville).

Le bief moyen présente l’aspect d’un chenal régulier entre des berges élevées. On y rencontre quelques passes rocheuses où des travaux d’appropriation et un balisage soigné se sont révélés nécessaires pour éviter les incidents de navigation. Le mouillage offert aux bateaux se réduit à 90 cm, aux eaux basses.

Notons encore que le bief reçoit, un peu en aval de Kindu et sur la rive droite, l’Elila, navigable jusqu’à deux des contre fort des Mitumba septentrionaux ou montagnes du Maniema-Kivu. Sur la rive gauche, les affluents sont peu importants, le bassin propre du fleuve étant limité par celui, toute proche du Lomami. Citons cependant, à Ubundu, la Ruiki, navigable aux hautes eaux sur 88 km.

Pèche artisanale dans les  chutes Boyoma

De Ubundu à Kisangani, le Lualaba traverse une dernière région de rapides, et notamment les sept cataractes connues sous le nom de chutes Boyoma (ex Stanley-Falls), avant d’atteindre la cuvette centrale où s’amorce le grand bief de 1734 km, dénommé plus spécialement Haut Congo ou Haut Fleuve Congo.

Lionel Sanz
Très largement inspiré par des textes de
Albert-Henri Buisine

 


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